ou comment votre manière de tendre la main vers un chocolat en dit long sur votre manière de décider dans la vie
Albi, étage du Comité de direction. La personne à l’accueil nous présente une magnifique boîte de chocolats, offerte par le Directeur Général.
Je regarde avec gourmandise les bouchées, et après une brève observation, en saisit une, juste avant que ma cliente ne retourne la boîte et sorte la description des chocolats pour choisir.
Je me suis sentie perplexe : c’est vrai, pourquoi ne pas utiliser cette méthode rationnelle pour choisir un chocolat que l’on aime ? Alors que je courais le risque avec ma méthode intuitive de tomber sur un chocolat qui corresponde moins à mes goûts.
Et plus généralement, qu’apporte le « feeling », l’intuition dans notre processus de décision ?
Si vous êtes honnête, il y a des fois où vous avez dès les premières secondes une envie de choisir A ou B. Vous ne sauriez pas l’expliquer mais vous savez que c’est le bon choix. Et si vous regardez en arrière, si vous pesez le pour ou le contre, c’est votre premier choix qui l’emporte à la fin.
Nous n’avons pas toujours la possibilité de nous appuyer sur des critères rationnels et objectifs pour décider
La politesse nous empêche parfois de consacrer le temps que nous voudrions à choisir notre chocolat. Si la boite comprend 20 variétés ou que nous sommes plusieurs à qui l’on se voit offrir un chocolat, il est probable que nous n’aurons pas le temps d’éplucher les descriptifs. Il peut aussi ne pas y avoir de descriptif !
Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus amenés à prendre des décisions rapides, à analyser une situation complexe dans des délais courts, avec des informations incomplètes ou contradictoires. Le temps pour obtenir des informations complémentaires est parfois trop coûteux à mettre en œuvre.
En outre, compter uniquement sur la rationalité, peut limiter notre créativité et nous empêcher de sortir des sentiers battus. Le chocolat fleur de lavande ne m’aurait pas attiré sur le descriptif mais le goûter (miam !) a fait disparaitre mes préjugés.
Nous avons tous une modalité préférentielle de décision et sommes influencés par nos valeurs
Le MBTI (Myers Briggs Type Indicator), approche psychologique aujourd’hui reconnue, basée sur les travaux de Jung, permet de cerner son type de personnalité autour de préférences. Les préférences « Sensation » (S) / « Intuition » (N), d’une part et « Thinking » (T) / « Feeling » (F) sont particulièrement intéressantes à examiner en ce qui concerne la prise de décision et la part laissée à l’intuition.
Sans vouloir caricaturer les profils, « l’ Intuitif « (N) voit le global et pas le détail, a tendance à deviner les situations, à faire confiance à son flair et s’autorise donc plus facilement à écouter sa petite voix, alors que le « Sensation » (S) préfère ce qui est concret et pragmatique. Notons que l’intuition est une compétence que nous avons tous, elle ne demande qu’à être développée, même si ce n’est pas notre préférence de base.
Autre exemple : le « F » met parfois un temps fou à se décider ou « se prend vraiment la tête » dès qu’une décision peut remettre en cause leurs valeurs ou créer des conflits. S’il dispose de tous les éléments rationnels pour décider, le « T » va le faire sans difficulté.
Nos valeurs vont peut-être nous inciter à prendre le chocolat le plus proche de nous alors que c’est celui de l’autre côté de la boite que nous adorons…
Pour ma part, je continue à choisir les chocolats sans regarder les notices, tout comme j’essaie de monter des meubles IKEA sans suivre scrupuleusement le guide de montage. J’ai pourtant compris que ce n’était pas la bonne manière de procéder. Mais ce n’est pas complètement à l’aveugle. J’ai une base de données consciente et inconsciente qui a stocké des informations: par exemple, les chocolats avec liqueur sont en général enveloppés de papier aluminium et je m’en écart ! L’intuition s’appuie aussi sur notre expérience et la capacité à faire des liens entre nos perceptions, expériences passées, stockées dans notre immense base de données interne. D’ailleurs, on a observé que les décisions intuitives sont plus fiables chez les spécialistes qui ont acquis beaucoup d’expérience dans un domaine donné. Plus je mange de chocolats et je suis capable de les choisir en utilisant mon 6ème sens comme une fulgurance !
Et si on se donnait le droit à l’erreur ?
On peut mordre dans un chocolat et s’il ne nous plait pas ne pas le finir. Mon fils, en général me le donne et je mange beaucoup de demi chocolats !
La bonne nouvelle est que souvent on a droit à une deuxième chance et reprendre un chocolat.
Se mettre la pression sur une décision, peut nous inhiber et il est important pour bien décider de mettre les émotions à leur juste niveau de stress et d’enjeu.
En outre, ce n’est pas tant souvent la décision que l’on prend, mais le plan d’action que l’on va mettre en œuvre, qui va faire la différence au bout du compte. « Une décision moyenne qu’on transforme rapidement en action donne souvent des meilleurs résultats qu’une décision parfaite qu’on met plusieurs mois à exécuter », disait Lee iacocca. Si vous tergiversez trop à choisir, il n’y aura peut-être plus de chocolats dans la boite ;).
Et vous, comment choisissez-vous vos chocolats ?
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